IEA Saint Louis                                                                                                                                                                                                                                                 Ipar

   IEA St Louis

                                                                                           1234

                                          Comité de Pilotage de la célébration du Bicentenaire du Traité de NDIAO du 8 mai 1819 entre la France et le Royaume du Waalo

 

Le Traité de Ndiao de 1819 et les relations entre la France et le Waalo :
Regard critique sur les politiques agricoles au Sénégal : de la colonisation
agricole au Programme Sénégal Emergent (1819-2019)


du 09 au 10 décembre 2019 à RICHARD-TOLL (Sénégal)


NOTE SUR LA CONFÉRENCE

Cadre Général et Justification
De par sa position à l’embouchure, le Waalo occupe une place stratégique sur la fleuve Sénégal. De plus, le royaume bénéficie d’une ouverture sur la façade Atlantique. Ce sont ces facteurs qui expliquent que le royaume a été très tôt en contact avec l’Europe (Barry, 1972).

Sur un autre plan, l'abolition de la traite des Noirs a amené l’Europe à redéfinir ses rapports avec ses colonies. Dans ce cadre, l'Afrique Noire, longtemps, pourvoyeuse d’esclaves, s’est reconvertie dans la production de matières premières. En Sénégambie, l’agriculture s’oriente vers la production de l'arachide pour répondre aux besoins croissants et pressants de l'industrie européenne en lubrifiants et en savons.

C’est dans ce contexte que le 8 mai 1819, le colonel Julien Schmaltz, au nom du roi de France, signe avec le roi du Waalo, le Brack Amar Fatim Borso Mbodje et les principaux chefs du Waalo le traité dit de Ndiao. Ce traité a eu un impact sur le plan économique et politique.

Sur le plan économique, le colonel Schmaltz lance le projet agricole. Mais c’est son successeur, le Baron Roger, le premier gouverneur français qui mettra en oeuvre ce projet de mise en valeur de 1822 à 1827. Avec l'appui de la Révérende Mère Anne-Marie Javouhey, le Baron Roger mit sur pied une école rurale de garçons à Dagana. Pour assurer un succès à sa politique agricole, il fit recours à un personnel d'encadrement composé de botanistes, des chimistes, de géographes. Du reste, c’est un de ses ingénieurs, Claude Richard, qui donnera son nom à la ville de Richard-Toll (qui signifie en Wolof le champ de Richard). Cet ingénieur français implanta la première station expérimentale agricole de l’Afrique noire. Ainsi, de nombreuses cultures telles que le coton, l’arachide, le sésame, l’indigo ont été introduites en Afrique tropicale grâce au jardin d’essai de Richard-Toll.

En outre, les échanges entre la colonie et la métropole se renforcèrent. La partie ouest du pays devient le centre de la vie économique et Dakar, proche des centres de production d’arachide, contrôle une grande partie du trafic portuaire de la ville de Saint-Louis. Le traité de Ndiao a poussé la France à construire des forts militaires à Dagana et sur la rivière Taouey pour protéger ce territoire.

Sur le plan politique, le traité de Ndiao a suscité des réactions d’hostilité des royaumes voisins du Waalo. En effet « la nature du traité est une entorse capitale et toute nouvelle au fait traditionnel et au principe unanimement accepté par les royaumes du Nord de la Sénégambie, selon lequel, était impossible toute cession de terres aux gens de l’eau qui ne devaient en aucune manière déborder des îles1 ».

Le Kajoor rejeta cet accord qui devrait permettre à la France de renforcer sa suprématie militaire sur le continent, grâce à la construction de nouvelles garnisons militaires. Les Toucouleurs s’insurgèrent aussi contre ce traité. Pour l’Almamy du Fouta, la construction d’un fort militaire au village de Dagana était une déclaration de guerre. De cette place forte de Dagana, les Français pouvaient en effet attaquer le Fouta. L’Almamy lança un ultimatum au Brack lui demandant de dénoncer le Traité
sous peine de lui déclarer la guerre. De plus, l’Almamy continua à revendiquer sa suzeraineté sur Dagana. Dans la même foulée, les Maures Trarza, considérant le Waalo comme une de leurs dépendances, dénoncèrent à leur tour ce traité.

Les mulâtres et négociants du comptoir de Saint-Louis contestèrent aussi le traité et le projet de colonisation agricole au Waalo. Actifs dans le commerce de la gomme et la traite des esclaves et intermédiaires entre les chefs locaux et les comptoirs, les mulâtres considèrent la promotion des cultures de produits exotiques au Waalo comme une menace pour leur commerce.

Ainsi, attaqués de toutes parts, le Waalo et la colonie ne purent mener à bien le projet de colonisation agricole. L’échec de la colonisation agricole amena la France à concentrer ses activités autour du comptoir de Saint-Louis, à travers la commercialisation de la gomme arabique et de l’or.

Abandonné et affaibli par des guerres intestines, le Waalo fut conquis par les Maures. La mainmise de ces derniers sur le Waalo fut perçue par la France comme une menace contre ses projets commerciaux. En conséquence, de 1831 à 1854, pour protéger son commerce, la France entreprit la conquête du Waalo, prélude à son expansion coloniale. Faidherbe, nommé sous-directeur du génie du Sénégal devint gouverneur de la colonie en 1854. Il restaura le fort de Podor en 1855, puis les forts de Bakel et de Médine. Pour compenser l'insuffisance et l'inadaptation des soldats français, Faidherbe mit sur pied le bataillon des tirailleurs sénégalais en 1857. La même année, Matam accueillit une garnison militaire. Ce renforcement de la présence militaire de la colonie sur le fleuve Sénégal avait pour objectif de contenir les Maures sur la rive droite.

Par une série d’expéditions militaires très violentes, Faidherbe vint à bout des Maures et exerça sa domination sur le Waalo. La conquête du Waalo entraîna des vagues de migration d’une partie de sa population vers le Kaajor. D’autres populations avec des Maures s’installèrent dans les provinces du Ganjol, du Njambour et du Tuube où ils menèrent des actions de résistance contre la présence française (Diouf M, 2014).

Pour la célébration du bicentenaire du Traité de Ndiao, la conférence sera une grande occasion de rendre hommage au Professeur Boubacar Barry de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et auteur du remarquable ouvrage sur le royaume du Waalo : le Sénégal avant la conquête, publié pour la première fois en 1972 par les Editions François Maspéro, réédité en1985 par la Maison d’éditions Karthala et traduit en anglais, en espagnol et en portugais. En outre, les communications mettront
l’accent sur l’expérience de colonisation agricole comme point de départ d’une réflexion critique sur l’évolution des politiques agricoles au Sénégal depuis 1819 jusqu’au programme du Sénégal Emergent. Les chercheurs et professionnels examineront les différents aspects de cette problématique pour éclairer les décideurs sur les grandes leçons à tirer des différentes expériences des politiques agricoles.


Thématiques de la conférence
- La portée historique du traité de Ndiao et la place du fleuve Sénégal dans l’ouverture au monde du comptoir du Sénégal
- Les enjeux de la colonisation agricole du Waalo
- Les politiques agricoles au Sénégal : de la colonisation agricole du traité de Ndiao au Programme Sénégal Emergent (1819- 2019)
- Richard-Toll, Dagana, Ross Béthio et le devenir des villes moyennes au Sénégal
- Relations entre l’Afrique et la France : Vicissitudes et atouts d’une coopération ?


 COORDINATION
Sous la direction du Professeur Ndiawar Sarr, Président du comité scientifique, un comité de coordination est mis en place pour le suivi et l’organisation de la conférence. L’IEA de Saint-Louis du Sénégal assure le secrétariat. Professeur Babacar Diop Buuba, Coordonnateur Général Adjoint de l’Association pour la réécriture de l’Histoire Générale du Sénégal est le modérateur du comité de coordination qui comprend Dr. Cheikh Oumar Ba (Initiative Prospective Agricole et Rurale - IPAR), Malamine Savané (Sahélienne Ingénierie Qualité – SIQ) et Pr. Babacar Fall (IEA Saint-Louis).

Design by DISI- UCAD